Terre d’eaux turquoise, sable blanc et climat propice à la volupté, Ibiza pourrait sans nul doute être l’île d’Edoné, alliant grâce, beauté et sensibilité. Historiquement pauvre et marquée par l’isolement, celle qu’on appelait autrefois l’île des pirates connait un essor touristique prodigieux, mené de front (et quelque peu malgré eux) par les hippies dans les années soixante. Ces hédonistes, que les habitants clairsemés appelaient « los peluts », les chevelus, attirent les foules avec des fêtes planantes, dans un climat de liberté et de promiscuité sexuelle, tantôt adeptes de nudisme, tantôt de longues conversations philosophiques. Ils sont exécrés par la population locale alors même que leur présence se tarit sur l’île, qui voit arriver en son sein un tourisme de jet-set tout à fait différent du précédent. S’ensuit alors un boom exponentiel et l’aboutissement est tel qu’on le connaît aujourd’hui, donnant à l’île plus de deux millions de visiteurs par an, contre quelques dizaines de milliers au début des années soixante-dix.